La Renaissance à Blois et en Val de Loire Ce que vous pourrez en voir

Degre A Blois BenjaminbroletDegre A Blois Benjaminbrolet
©Degre A Blois Benjaminbrolet|Benjamin Brolet

En val de Loire et plus précisément à Blois, que reste-t-il de la période Renaissance?

Une période si lointaine qui nous rappelle un souvenir de cours d’Histoire. Mais concrètement qu’a apporté le vent d’Italie dans le Val de Loire? Et aujourd’hui que pouvons-nous voir de l’architecture Renaissance à Blois?
Grâce à l’excellent livret « Renaissance » sorti en 2013 par Villes d’Art & d’Histoire. Nous vous en livrons les meilleurs extraits dans cet article.

Livret à télécharger entièrement à la fin de l’article.

Un peut d'Histoire Renaissance

Il désigne un mouvement intellectuel et artistique né dans l’Italie du Quattrocento, le XVe siècle, caractérisé par la redécouverte de textes antiques, la volonté de les imiter, en même temps que d’en faire une critique savante. Pour le grand public, qui dit Renaissance dit châteaux de la Loire. Mais c’est une vision restrictive : car d’une part, il existe des châteaux de la Renaissance dans tout le pays, notamment en Île-de-France, à commencer par Fontainebleau, qui est le principal chantier de la fin du règne de François Ier ; et d’autre part, la présence de la Renaissance en Val de Loire ne se borne pas aux grands châteaux.

La Renaissance a aussi irrigué tant les villes que les campagnes par la construction d’églises, d’édifices publics, de manoirs, de maisons et d’hôtels particuliers, etc.

L’apport de la Renaissance dans les arts

Dans les arts, l’époque se caractérise en peinture par la volonté de représenter l’espace de façon convaincante, qui se traduit par l’invention de la perspective atmosphérique en Flandre et géométrique en Italie… En art et en architecture, les artistes regardent l’antique et en imitent non seulement les formes mais aussi les principes constructifs.

La vie des Rois de France en Val de Loire

La circulation des hommes et des idées entre l’Italie et les Pays-Bas favorise, bien plus que les guerres d’Italie menées par Charles VIII, Louis XII et François Ier, l’arrivée de ce courant intellectuel et artistique en France. Dans le royaume, nul homme de pouvoir n’incarne mieux la Renaissance que François Ier. Il a en effet été le protecteur de Clément Marot et de François Rabelais, il fonde ce qui deviendra le Collège de France, crée le dépôt légal ; il est l’hôte de Léonard de Vinci et de Benvenuto Cellini, le bâtisseur des châteaux de Blois et de Chambord…

L’installation des Rois en Val de Loire est un héritage de la guerre de Cent Ans. Chacun favorise la cité qui l’a vu naître.

En 1418, le futur Charles VII, fuit Paris tombée aux mains des Bourguignons alliés aux Anglais. Il se réfugie à Bourges puis à Tours. S’il reprend Paris où il fait son entrée en 1437, lui et ses successeurs se méfieront longtemps de la capitale rebelle et lui préfèreront les séjours ligériens…

Louis XI naît à Bourges, grandit à Loches et réside dans le Val de Loire (Tours, Chinon, Loches) ; Charles VIII naît à Amboise, Louis XII à Blois, plus tard Henri II également à Amboise.

Les rois de France sont élevés en Val de Loire

François Ier lui-même, s’il est né à Cognac (son père est comte d’Angoulême), grandit à la cour à Amboise et Blois, où il séjourne le plus souvent au début de son règne, quand il ne rend pas visite à sa mère Louise de Savoie à Romorantin. Si après la défaite de Pavie et sa captivité à Madrid, il décide, à partir de 1527, de faire de Paris et de l’Île-de-France sa principale résidence, le Val de Loire n’en est pas pour autant délaissé et les enfants royaux sont élevés à Blois et Amboise dont le climat est jugé plus sain.

Une cour itinérante, qui va de château en château et de ville en ville, draine dans son sillage les princes, et surtout de nombreux nobles, serviteurs de la couronne, désireux de s’établir au plus près du roi. Elle compte, suivant les époques, de 5 000 à 15 000 personnes, impliquant une solide logistique, favorisant le commerce et le développement de flux financiers et attirant l’installation d’artistes, d’artisans d’art et de fournisseurs de ce qu’on appellerait aujourd’hui l’industrie du luxe.
Les villes obtiennent de chaque souverain la confirmation et le renforcement de leurs privilèges par la création de corps d’échevins (dont témoigne la construction de nombreux hôtels de ville), de foires ou l’implantation d’industries nouvelles comme celle de la soie à Tours ou de l’horlogerie à Blois. Le développement des échanges entraîne l’essor de la marine de Loire, que François Ier désigne comme la première voie de commerce du royaume.

UN NOUVEL ART DE « BASTIR »

Les premiers témoins d’une Renaissance apparaissent au milieu du XVe siècle. Le palais Jacques Coeur, à Bourges, est construit vers 1450 pour l’argentier de Charles VII. Si le décor demeure gothique, il est d’une abondance sans précédent et d’une ampleur qu’on ne retrouvera que cinquante ans plus tard à l’hôtel d’Alluye à Blois, construit pour un autre financier, Florimond Robertet.

C’est dans les mêmes années que le répertoire antiquisant, déjà cultivé en Italie, apparaît sous le pinceau du peintre tourangeau Jean Fouquet, qui séjourne à Florence et à Rome vers 1445, et en rapporte les motifs de pilastres et de frontons, de chapiteaux corinthiens et de marbres colorés dont il peuple ses compositions.

Les ornementations antiques

Mais la diffusion de ce nouveau vocabulaire ornemental est lente. Ses successeurs en font vers 1480 des encadrements architecturaux pour les enluminures, il atteint la sculpture décorative vers 1490 et le décor architectural à partir de 1500.

On crédite souvent le voyage d’Italie de Charles VIII de l’introduction de la Renaissance en France. Mais plus que des architectes ou des peintres, ce sont des techniciens qu’il ramène en 1496 : menuisiers, orfèvres, tailleurs, et même des gardiens de perroquet ou un fabricant de couveuses, mais aussi des « deviseurs » de jardins. En effet, en Italie, plus que l’architecture antiquisante, trop savante pour être comprise, ce sont les jardins qui font l’admiration des Français.

Les jardins italiens

Charles VIII à Amboise puis Louis XII à Blois font aménager des jardins en terrasses à l’italienne. Le Val de Loire se couvre alors de jardins. Hélas tous ont disparu et il ne subsiste plus à Blois des jardins royaux qu’une orangerie et le pavillon dit d’Anne de Bretagne.

LA PREMIÈRE RENAISSANCE De vastes chantiers urbains

L’urbanisme manifeste peu ce souci nouveau de régularité et reste souvent fidèle au parcellaire médiéval. On peut néanmoins citer quelques exemples.

Le projet de Romorantin

À Romorantin, fief de Louise de Savoie (mère du roi), Léonard de Vinci, appelé en France par François Ier, dessine le projet d’une cité idéale autour d’un palais royal à plan régulier dominant la Sauldre ; malgré quelques travaux de terrassements, le projet n’aboutit pas, mais plusieurs de ses idées sont reprises à Chambord.

En revanche on s’est préoccupé bien plus tôt d’améliorer l’adduction d’eau et de créer dans les villes des réseaux hydrauliques qui alimentent des fontaines publiques parfois monumentales, comme la fontaine Louis XII (1492) à Blois ou la fontaine de Beaune-Semblançay (1511) à Tours.

Le pan de bois toujours tendance à la Renaissance

A Tours, on observe une intense période de construction de maisons à pan de bois de 1470 à 1520. Les maisons à pan de bois, souvent regardées comme « médiévales », datent le plus souvent de la Renaissance. Des maisons à pignon sur rue ou à gouttereau sur rue sont aussi répandues dès l’époque médiévale, ce qui perdurent.

D’autres demeures urbaines calquent leur modèle sur les logis seigneuriaux : corps de logis et escalier en vis logé dans une tour hors-oeuvre. Dans les hôtels urbains postérieurs, le logis élevé en fond de cour est parfois accompagné de jardins sur l’arrière (hôtel Sardini à Blois). Le décor devient abondant et gagne des demeures plus modestes.

L’évolution du décor

Le nouveau décor à l’antique apparaît discrètement vers 1500, à Blois sur l’aile Louis XII du château et à l’hôtel d’Alluye. Les commanditaires religieux peuvent au gré des sculpteurs et maîtres bâtisseurs passer du gothique à la Renaissance.

Après cette phase d’expérience, on constate la mise au point d’un style assez homogène dans les grands châteaux qui règne jusque vers 1540 et qui caractérise la Première Renaissance ligérienne. L’encadrement des fenêtres par des pilastres, inauguré à Gaillon en Normandie, est repris à partir de 1510-1515 dans les châteaux de Bury (détruit), Chenonceau, Azay-le-Rideau, Blois et bien sûr Chambord, entrepris en 1519. Ce langage formel donne naissance à une déclinaison plus diversifiée dans l’habitat urbain. Pilastres et corniches gagnent l’architecture religieuse.

Les lieux Renaissance dans la ville de Blois

En 1498, suite à l’accession au trône de Louis II d’Orléans sous le nom de Louis XII, le château de Blois prend le statut de résidence royale.
Devenue capitale du royaume, la ville médiévale se métamorphose. La cour s’installe progressivement à proximité de son souverain. Courtisans et riches marchands construisent des hôtels particuliers et des maisons à pan de bois dont les riches décors évoquent les prémices de la Renaissance française.
La prospérité de la première moitié du XVIe siècle se traduit aussi par la remise à neuf à partir de 1512 d’un important réseau de fontaines et la réfection des églises Saint-Solenne et Saint-Saturnin. L’aménagement du château, poursuivi sous François Ier (entre 1515 et 1520), intervient en période de renouveau architectural. Le vocabulaire décoratif antiquisant et l’introduction timide des ordres dans les créations royales servent de modèle à toute la ville.
Mais après 1520 (début de la construction de Chambord), l’effervescence des chantiers s’estompe avec l’abandon progressif de la cour de Blois pour la nouvelle capitale : Paris.

Les 6 lieux à voir à Blois

Fermer